On ne parle pas autant de chansons d'amour qu'on le voudrait. On a réussi à passer la Saint-Valentin en silence. Mais ce disque met tout ça au premier plan, que ce soit en amour ou en séparation, il reste l'un des disques les plus touchants émotionnellement que nous ayons entendus.
Nous classons cet album comme l'un des meilleurs de la carrière de Sufjan Stevens. « Javelin ». Il est à égalité avec « Illinois » et « Carrie & Lowell », sauf que cette fois, il est beaucoup plus personnel. Dédié à son défunt partenaire, Evans Richardson, il montre Sufjan porter son cœur et sa douleur à la pelle. Le disque est d'autant plus douloureux qu'il n'a pas pu partir en tournée en raison de complications médicales persistantes liées au syndrome de Guillain-Barré.
Il y a deux moments marquants sur les disques qui nous ont laissés bouche bée. Le premier est le très beau « Will Anyone Ever Love Me ? » qui aborde l'insécurité de l'isolement après une perte avec un niveau d'honnêteté que nous n'avions jamais entendu auparavant. C'est ouvert, immaculé et transcendant, ce qui est tout ce que Stevens essaie d'être sur le disque et plus encore.
Il y a aussi l'avant-dernière odyssée de 8 minutes de « Shit Talk », avec ses refrains de « I will always love you » servant d'adieu central à la finale qui ressemble à un éloge funèbre. La conclusion tranquille de « There's a World » voit Stevens réconcilier la douleur dans l'espoir d'aller de l'avant tout en gardant près de lui le souvenir de son amant dans la promesse d'un véritable amour perdu, ce qui ne pourrait être fait d'aucune autre manière aussi élégamment ou aussi magnifiquement que le dit Stevens.
C'est une réflexion magnifique mais bouleversante sur l'intimité, la perte et le deuil, qui rivalise avec n'importe quel disque d'auteur-compositeur des 10 dernières années. C'est à la hauteur de "A Crow Looked At Me". Dix albums et c'est l'un de ses meilleurs. Une écoute indispensable.
'Javelin' est désormais disponible dans la boutique.